d’Alessandro Baricco
Cette histoire-là se passe au début du XXe siècle, à l’époque ou les virages s’appelaient encore « tournants », ou les automobiles incarnaient l’image de monstres d’acier fascinants et morbides. Cette histoire là est celle de Ultimo Parri qui comme son père, lorsqu’il vendit ses vaches pour monter un garage et courir en tant que mécanicien aux côtés du comte d’Ambrosio, se lança le pari fou de réaliser son rêve, créer un circuit. Alessandro Baricco dresse une magnifique fresque sur l’histoire naissante de l’automobile, racontée brillamment d’un ton littéraire enchanteur et rare pour un livre sur le sujet. |
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Le long chapitre sur la course Paris-Madrid de 1903 est un pure régale à lire et qui m’a fait douter de la véracité des faits relatés, tellement incroyable fut cette course. Après vérification dans quelque manuel historique, j’étais surpris de constater à quel point la fidélité en avait été respectée. Tout y est, la litanie des accidents tragiques qui ont endeuillé cette épreuve, la nature de ceux-ci, l’interdiction des autorités gouvernementales Françaises de poursuivre la course au delà de Bordeaux en raison du nombre d’accidents mortels., etc… Parmi la longue liste des disparus de cette course (dix morts jonchent le parcours), figure celui de Marcel Renault (frère de Louis & Fernand) et de son mécanicien Vauthier, auteurs d’une fantastique remontée à bord de leur 16HP et l’héroïque soldat Dupuy qui a voulu sauver un enfant qui traversait la route, lors de la seule édition qu’aura eu cette course. « …et en même temps l’idée se faisait jour dans les esprits que la course, par cette mort, avait acquis vraiment la dimension qui était la sienne, au point qu’aucune élégance ou richesse ne paraîtrait excessive, ou infantile, face à cela ». [extrait]
Bref, on vit la course de l’intérieur, on mord la poussière avec eux, on est assis à la place du mécanicien et comme lui, on prie que le prochain virage ne soit pas le dernier, alors on compte ses pages.Pour compléter ses connaissances sur la course Paris-Madrid:
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Alessandro Baricco / CETTE HISTOIRE-LÀ – Gallimard – Prix: 20,00 € / Roman
L’extrait:
« Moi, j’attends, m’a-t-il dit. Quoi? J’attends de faire ce pour quoi je suis né. Son idée, c’est qu’il est né, lui, pour contruire une piste. Ca alors. Il veut construire une piste pour les automobiles de courses. C’est-à-dire que c’est une une route où ne roulent que les automobiles de course. Qui ne mène nulle part, et même qui est fermée, on tourne et on tourne mais on arrive nulle part. C’est quelque chose qu’il a inventé, qui n’existe pas. (…) Mais c’est peut-être vrai, ce qu’il dit, que tous les chemins sont circulaires et qu’il ne mènent pas quelque part mais à l’intérieur de soi, parce que le brouillard de nos peurs est trop épais et les routes qui ont l’air de mener ailleurs sont des illusions« .
Ecrivain, musicologue, auteur et interprète de textes pour le théâtre, Alessandro Baricco est né à Turin et vit à Rome. Ses romans et ses essais, dont Soie, City, Novecento : pianiste, Océan mer et Châteaux de la colère, sont traduits dans le monde entier.
CETTE HISTOIRE-LÀ [2007], trad. de l’italien par Françoise Brun, 320 pages, 140 x 205 mm. Collection Du monde entier, Gallimard -rom. ISBN 9782070781508.
à lire également :
- La course Paris-Madrid de 1903, René Ville, édité par l’Amicale de Dion-Bouton, 2003, 46 p., 5 euros. Disponible par correspondance auprès de René Ville, Amicale de Dion-Bouton, Le Combaud, 33490 Saint-Martin-de-Sescas.
- « La société de Dietrich, Ettore Bugatti, Emile Mathis et la course Paris-Madrid, il y a 100 ans… mai 1903« , Jean-François Blattner, édité par l’Association des Amateurs de Mathis et l’Association de Dietrich, 2003, 120 p., 18 euros frais de port compris pour la France. Vendu par correspondance : Jean-François Blattner, 5 rue Vauban, 67480 Fort-Louis. Lire l’article sur Gazoline
- Texte en anglais avec livret de traduction en allemand ou français. L’histoire de la course Paris-Madrid de 1903 à laquelle Ettore Bugatti ne put participer pour non-conformité de sa voiture De Dietrich – brevet Bugatti Type 5 au règlement. Cette interdiction lui a peut-être sauvé la vie quand on se souvient de l’hécatombe terrible qui fit arrêter et interdire cette course avant l’arrivée. Egalement une très intéressante étude de la Type 5.
- AUTODROME The Lost Race Circuits of Europe. By S S Collins and Gavin D Ireland Veloce Publishing: ISBN 1-904788-31-9 / Un superbe livre d’images qui évoquent justement les circuits d’antan. Avus, Monza, Montlhery, mazarykring, Keimola, Brooklands, Crystal Palace, Reims, Nurburgring Sudschleife. De belles photos N&B d’époque ainsi qu’une vision surprenante de ces temples oubliés du macadam balayés par les vents, photographiés aujourd’hui par Scott Gavin D. Irland.
aperçu du livre sur : Autoskulptur
aperçu du livre sur : Autotrader
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1 commentaire
Je voulais juste apporté une correction au très bon article.
René Vauthier n’est pas mort lors de la course Paris-Madrid. Il fut blessé, puis handicapé d’une jambe à vie.
René VAUTHIER Pionnier de l’automobile et coureur renommé, il a été le coéquipier de Marcel RENAULT dans toutes les courses du début du siècle. Il fut vainqueur de Paris-Vienne en 1902 et gravement blessé en 1903 dans l’accident du Paris-Madrid où Marcel RENAULT trouva la mort. Ayant dû renoncer à la compétition, il poursuivit ses travaux de mécanique automobile, puis devint arbitre-expert près les Tribunaux, la Chambre Syndicale de l’Automobile et la Préfecture de Police. Il vécut à Garches où il est enterré .
Posté le 30 mars, 2011 à 23 h 35 min
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