Voici une automobile typiquement britannique qui, cependant, passerait bien pour le fruit d’une liaison entre une Chevrolet Corvair et une NSU Prinz : la face de la première, le profil et les mensurations de la seconde. Produite à 440 000 exemplaires par le géant aux pieds d’argile Rootes puis Chrysler UK (pas plus solide d’ailleurs) de 1963 à 1976, elle n’a que très rarement traversé nos frontières. Comme nombre des productions anglaises de ces années, elle est restée étrangère aux autres marchés européens. Qui se souvient avoir vu dans la rue une Hillman, une Sunbeam, une Humber, une Singer ?
Pourtant, la Hillman Imp mérite sérieusement notre attention pour au moins deux raisons : une motorisation noble dérivée du celèbre Coventry-Climax et un poids minime.
En cette fin des années 50, le groupe Rootes était particulièrement bien doté en berlines confortables pouvant faire la vedette des films d’espionnage, mais aussi dévoreuses d’énergie, ce qui pouvait devenir problématique à la suite des fâcheux événements de Suez. L’analyse était rapide du côté des dirigeants : pas une base légère, pas un moteur économe dans les cartons. Pour se positionner sur le marché prometteur de « l’économie à l’usage » il fallait partir d’une feuille blanche et poser quelques lignes directrices : allier performance et économie, soit au minimum 100 km/h et 4 L/100 km; idéal pour la famille type (!) : 2 adultes et 2 enfants; propulsion pour des raisons de coût et de mode; et enfin plaisante à conduire. Si des évolutions simples vers la compétions étaient possibles, ça ne gâcherait rien à l’affaire.
C’est donc après le développement d’un prototype dénommé APEX, la mise au point du beau moteur alu Coventry-Climax porté à 875 cc et la contruction d’une nouvelle usine en Ecosse que la Hillman Imp est officiellement présentée en 1963, alors que des fuites dans la presse l’avait préalablent baptisée AJAX.
L’accueil médiatique fut chaleureux, mais comment éviter la comparaison avec la petite puce de l’autre géant britannique : la Mini ? La Imp était-elle déjà dépassée à sa sortie ? Techniquement peut-être, mais politiquement et économiquement certainement. Les errements politico-syndicaux ajoutés aux coûts de fabrication du joli moteur et l’éloignement de l’usine du reste du groupe ont refusé à la petite Hillman toute la gloire qu’elle méritait. Il faut aussi ajouter les nombreux déboires techniques vécus par les clients et ce n’est pas le version Mk II présentée en septembre 1965 ou le lifting de 1968 qui redonneront confiance au réseau malgré la fiabilité accrue.
Pour rentabiliser un investissement conséquent le groupe va rapidement multiplier les versions (break, coupé, van) et les diffuser sous ses différentes marques : Hillman pour les versions à large diffusion (Imp Basic ou de Luxe, break Husky) Commer pour les utilitaires (Van), Singer pour le luxe (Chamois), Sunbeam (Sport ou Imp Sport, Stiletto) pour le sport. Le sport d’ailleurs : la qualité générale de l’auto, son moteur fougueux lui ont valu un forts succès sur circuit ou en rallye.
C’est donc en 1976 que la petite Imp et ses cousines disparurent des catalogues. Pour Chrysler UK, la suite s’écrivait Sunbeam et les amateurs que nous sommes seront bien gâtés avec l’exceptionelle série badgée et motorisée Lotus au palmarès si garni. Mais c’est une autre histoire …
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