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Caterham, Lotus 7 & Classic Cars

V.M.I

Posté par Mister7 Le 12 - février - 2009

Bugattologues…

Ma rencontre avec le Team Rondoni père & fils, remonte à l’été 2007, lorsque me promenant dans les rues de Carpentras, j’entends pétarader dans la rue d’à côté et vois passer à belle allure, au loin sur le carrefour, une Bugatti T35.

Je me mets à courir et rejoignant le croisement, aperçois à nouveau l’auto s’en allant dans la circulation, conduite par son chauffeur aux cheveux poivre et sel. Ma première impression, fut de ne pas y croire, considérant qu’une telle auto ne s’admire désormais que lors des prestigieuses représentations à Goodwood, Angoulème ou au Mans Classic, mais certainement pas sur route ouverte entre le Franprix et la Poste, qui je me dis, reste tout juste le terrain favoris des réplicas sur base de donor-car Coccinelle. Ce ne fut qu’après, me promenant sur les routes Provençales, en arrêtant la Caterham à côté d’une magnifique gordini-simca 5 des années 40, pour un brin de discut avec son propriétaire, que j’appris avoir effectivement aperçu, une authentique T35 conduite par le sorcier-bien-aimé de Carpentras, Laurent Rondoni, spécialiste émérite de la marque de Molsheim. C’est donc au pied du Ventoux, comme un hommage à la fameuse course de côte si prisée des pilotes d’antan, mais aussi à l’un des modèles les plus importants dans l’histoire de Bugatti, la Type 57 Coupé et Coach Ventoux, que l’atelier de Mr Rondoni s’était établi et devait s’appeller Ventoux Moteurs Ingenierie depuis 1989, date à laquelle il créa sa société, dans la rue qui fut rebaptisée officiellement Rue Ettore Bugatti!


Ma curiosité piquée à vif, me pousse dès le lendemain matin à « chausser » ma R300 à la recherche de l’atelier si fameux conté par mon interlocuteur de la veille. Lorsque j’arrivais rue Ettore Bugatti, une personne au loin s’y tenait immobile au beau milieu. Tout comme j’avais pu le faire moi-même quelques jours auparavant, celle-ci avait été attirée par le bruit du moteur arrivant de son côté, et attendait d’apercevoir mon auto déboucher. Alors que je garais la voiture à ses côté et me déharnachais, il en faisait déjà le tour avec un regard mêlé d’amusement et d’intérêt. J’étais en fait, en présence de Raphael Rondoni (le fils) qui m’invita très gentiment à entrer dans leur temple des Bugattis pour une visite scrupuleuse des ateliers, détaillant chaque poste du magnifique établissement, m’expliquant chaque voiture, m’instruisant sur tel fait historique ou sur telle autre technologie, m’ouvrant chaque porte de hangars pour me laisser découvrir leurs précieux contenus que j’admirais délicieusement et photographiais, pour enfin me présenter Laurent (le père), avec qui je devais rester deux heures durant, à l’écouter me parler de ses autos, assis sur la roue d’une Type37.

Laurent Rondoni

VMI (Ventoux Moteurs Ingénierie) se base essentiellement sur la restauration et l’exploitation de véhicules de prestige. Spécialiste de la réfection des lignes d’arbre régulées, taillage d’engrenage, reconstruction et/ou restauration mécanique/châssis, pour les véhicules Historiques de l’origine à 1970… Spécialiste Bugatti. Pour cela, VMI se compose d’un atelier automobile, d’une salle des moteurs, d’un banc-moteur, puis vient son atelier de production, ou l’on m’explique que j’y verrai des blocs bruts de fonderie que Laurent à refait faire à l’identique pour les Bugatti mais aussi pour les Amilcar, à la plus grande joie des Cyclecaristes. Bref, une véritable petite usine, digne des meilleurs ateliers qui se comptent sur les doigts de la main à l’échelle mondiale et ou le modèle s’inspira en son temps, des plus belles enseignes Britanniques qui assurent une décomposition méthodique du travail pour une facture exemplaire, obéissant aux critères en vigueur de leur époque. Un matériel de pointe est utilisé pour pouvoir recréer des pièces du moteur…ou encore le moteur entier ! …ou encore le châssis T35 pour lequel, de nouveau Laurent refit un marbre. Un contrôle qualité est présent à chaque étape des différentes activités et assure l’irréprochabilité du travail fourni. Quatre employés hautement qualifiés oeuvrent pour elle… VMI tend vers un partenariat, sous forme de contrats avec différents musées, constructeurs et privés, qui leur confient leurs bijoux. Parmi les habituées du lieu, comptons quelques belles ex-endormies de l’exceptionnel (et vaste) écrin Schlumpf, dont la Cité de l’Automobile de Mulhouse et l’arrivée de Culturespaces font revivre en faisant sortir et rouler. Un tel projet de musée vivant n’aurait sans doute pas été aussi avéré sans la participation de Laurent qui fut consulté par le Ministère de la Culture et de la Communication sous la Direction des Musées et Patrimoine automobile en France, afin d’étudier l’aspect spécifique que revêt la restauration en matière d’automobiles anciennes selon des critères muséographiques. VMI est une adresse à nulle autre pareille, ou les véhicules reçoivent une préparation visant à améliorer la puissance et la fiabilité dans une optique compétition en conformité de l’époque. A ce titre, le club Bugatti estime nécessaire de préciser dans ses pages internet, « Qui peut le plus peut le moins, Laurent saura également refaire la mécanique de votre T57, mais ne soyez pas étonné si vous trouvez quelques chevaux de plus après réfection, c’est sa passion! »… Et les autos présentes lors de mon passage en attestent, comme cette Porsche 906 N#1 du Mans ou la Panhard Levassor, Formule 1 de l’époque, dont Laurent admiratif du savoir faire des anciens, souligne qu’à lâcher son volant à 160k/h, aucune dérive ne s’en ressentira pour autant, malgré ses grandes roues en bois et sa transmission par chaine, ou encore cette autre Bugatti Type 45, avec ses 2 blocs couplés Longitudinalement pour obtenir 16 cylindres en U, 48 soupapes et double compresseurs. Pour moi, ce fut surtout l’occasion d’un échange rare, avec deux imminents passionnés de Véhicules Historiques de Compétition qui fit l’objet de ce petit reportage photo en suite à mon billet. Outre la présentation du lieu magnifique de leurs activités, nos discussions avec Laurent et Raphael traitèrent de tout. Raphael, ne désavoue pas la chance qu’il a eu à recevoir la visite impromptue d’un héritier Maserati, la veille de ma venue dans leur atelier, leur amenant précision et connaissance d’un fait d’histoire ou d’une technique de la marque au trident. Le bonheur d’apprendre quelque anecdote du grand père Alfieri Maserati et d’échanger par ce type de rencontres, l’enchantent à chaque fois. Il y a beaucoup de calme et de modestie chez lui, qui pourtant à le voir travailler avec rigueur et justesse jusqu’à tard le soir, m’apparaissent à moi, comme le gage de quelqu’un qui n’a pourtant plus grand chose à apprendre. Ce jour là, il opérait sur le berceau d’un train avant de châssis lightweight d’Aston Martin DB(3 ou 4) coursifiée et qui a tapé lors d’une course VHC. Brancards ou logerons arrachés. Auparavant, il s’est formé dans un autre atelier tout aussi remarquable en Angleterre, puis travaillé sur les châssis des autos d’une grande écurie Nippone engagée au Dakkar. Raphael est doué,doublé d’un grand sens de l’art mais me certifie malgré tout, que chaque jour passé chez VMI est une source de connaissances supplémentaires à la course automobile, qui le ravissent. Raphael me fit également découvrir une magnifique Brescia dont l’expression « Dans son jus » semblait prendre tout son sens, si l’on en juge au pantalon maculé d’huile qu’il porte lorsqu’il la pilote; étant donné que dans un soucis de rapport poids/puissance, celle-ci avait été allégée, à tel point que les jambes de son pilote se logeaient à même le compartiment moteur. Ce petit modèle rare, qui n’est pas sans rappeler l’esprit de nos Seven, fut vendu à 5 exemplaires et devait remporter un succès éclatant dés ses premiers engagements en course, notamment au Grand Prix des voitures légères de Brescia, le 8 septembre 1921, en plaçant ses quatre voitures aux quatre premières places. Le palmarès de cette auto est sans équivoque puisque totalisant plus de 40 courses en quatre ans malgré sa faible cylindrée grâce à son poids plume et sa tenue de route exceptionnelle. A l’occasion et histoire de sortir un peu de l’atelier pour se changer les idées, Raphael court aussi en VHC, sur une Ford Mustang 400cv sur-vitaminée ou Lotus Eleven Le Mans d’origine, avec laquelle il a participé cette année encore, aux 6H de Spa.

Raphael

Avec Laurent, nous évoquons ses débuts, ou en dix années (de 1974 à 1984) il réalisa sa copie de Bugatti 35, juste pour le festival Bugatti 1984 à Molsheim. Hugh Conway en personne, le pape des Bugatti (assisté de Uwe Hucke et Griffith Borgeson et l’ingenieur Louis Bertrand un proche d’Etorre), chercha en vain l’hérésie et dut finalement s’avouer vaincu en admirant l’auto ressemblant comme deux gouttes d’eau à ses soeurs sorties d’usine 60 ans plus tot! Nous abordions alors l’épineux dossier des reconstructions s’opposant aux répliques. Je m’y hasardais en mentionnant Pur-sang-Argentina (à ne pas confondre avec le châssis Type 10 baptisé « Pur-sang de l’automobile »!!!!), qui répliqua un grand nombre de Type 37, 35, 43 et 51, mais la réponse pudique et néanmoins affirmée que me fit Laurent, put se résumer dans la citation bien aimée d’Ettore Isidoro Arco… El Maestro: « Le dessin n’est rien sans la perfection dans l’exécution « . Je comprenais alors pourquoi trônait fièrement au milieu de l’atelier, la photo géante du maître, telle une icône, assurant encore son rôle de Capitaine lorsque Laurent sort essayer ses trapanelles sur les routes du Ventoux.

l'Icône d'Ettore

20 ans d’existence… déjà et pourtant plein de projets dans la tête, telle que la Ronde du Ventoux, une variante à la course de côte historique du Mont Ventoux, dont les autos feront une boucle d’une cinquantaine de kilomètres en empruntant notament, la partie du parcours mythique de 10,050 Km au départ du hameau des Bruns, juste après Bédoin , pour se terminer par une splendide épingle face au Chalet Reynard. VMI restera très actif dans l’organisation de cet evennement assuré par Peter Auto, l’organisateur de grands événements historiques –(Le Mans Classic, le Tour Auto…) mais également, leur projet de création d’une école de formation de mécaniciens pour les musées. Si ce n’est pas par Laurent, alors ce sera pour Raphael, déjà prêt à reprendre le flambeau.

Suite du reportage avec la splendide N°13…

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2 commentaires

  1. syrius a dit,

    Bravo Hervé

    Merci de nous avoir faire revivre ce gand moment que tu as du passer dans cet endroit magique .
    Dans ce monde de profit et de productivité ,je trouve ca rassurant de voir qu ‘il reste des artisans passionnés .
    Ca donne pas mal d’envies …

    A+

    Serge

    Posté le 17 février, 2009 à 19 h 20 min

  2. grente a dit,

    Bonjour.
    Je connais cette atelier ou effectivement,il reigne un climat qui n’éxiste pas ailleur
    Compétence qualité et rigueur permet de réaliser du trés bel ouvrage digne de la
    Grande époque des ateliers de Molsheim.

    Posté le 6 décembre, 2009 à 7 h 12 min

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